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La naissance d'un projet ... création de voyages spirituels

Photo du rédacteur: RIDOLFI SORRE ElodieRIDOLFI SORRE Elodie

Dernière mise à jour : 26 janv.

En 2017, alors que j’étais en train d’analyser un dossier de crédit, j’ai « entendu » dans mon esprit : « Tu dois te rendre au Népal ».  Quelques années plus tard, l’injonction a été plus intense et j’ai donc entrepris un voyage au Népal (si vous n’avez pas lu l’article, je vous invite à vous rendre ici : https://www.elodieridolfi.com/post/187-kms-à-pied-et-tombée-en-amour-dès-le-premier-regard-de-sa-terre-de-ses-yeux-de-son-ame-et ).


Alors que Karma, mon guide de trek, venait m’accueillir à l’aéroport pour m’amener à l’hôtel de Patan, c’est le lendemain que Kishor allait se manifester. Karma m’avait laissé la journée et la soirée libres afin de m’installer et me reposer du voyage. J’en avais profité, non pas pour dormir comme il me l’avait suggéré, mais pour déjeuner dans un restaurant typique de la ville et découvrir Patan.

L’énergie particulière de cette ville me laissait une étrange impression de déjà-vu, comme si je la redécouvrais, une sensation de reconnexion. Je flânais dans ses rues, observant les monuments, les échoppes et l’agitation de la ville. L’odeur d’encens flottant dans l’air m’enveloppait de douceur, et les visages souriants des habitants me donnaient un étrange sentiment de bien-être, comme si j’étais chez moi, bien que si loin de mon chez-moi.


Alors que le soleil déclinait, laissant place à la nuit, j’étais attendue à l’hôtel par la représentante de l’agence locale pour le débriefing du trek et les étapes à venir. Après cette rencontre, j'avais décidé de sortir dîner et de chercher un restaurant proposant des momos traditionnels sans gingembre. Ne trouvant pas ce que je cherchais, je me suis finalement rabattu sur une pizza (les momos sans gingembre étant introuvables à Katmandou). Peu après, je coupai court à ma sortie nocturne, écoutant cette voix intérieure qui m'invitait à regagner l’hôtel pour me reposer. La découverte de la vie nocturne népalaise attendrait. Après le débriefing, je savais qu’il était essentiel de profiter du luxe d’une douche chaude et d’un lit confortable, pour être en forme et aborder sereinement le périple à venir.


Après une nuit reposante et régénératrice, je me suis réveillée tôt pour prendre mon petit-déjeuner. Les jours précédant le départ pour le trek, le programme prévoyait la visite culturelle de Katmandou, Patan, ses monastères, palais, stupas et temples. Une parfaite immersion dans la culture et la spiritualité, exactement ce dont j'avais besoin pour m'adapter après la fatigue du long vol !


En quittant ma belle chambre d’hôtel et descendant très tôt l’escalier menant au patio zen, j'ai rencontré Kishor, mon guide culturel. Il se tenait là, près d’un bassin où une statue de Bouddha avait déjà reçu son offrande à l’encens, tandis qu’un chat se livrait tranquillement à sa toilette, à l’abri du tumulte du matin. Le cadre était idyllique : des briques rouges typiques des quartiers Newars de Patan ornaient les murs, et les fenêtres étaient décorées de magnifiques gravures en bois, spécialité architecturale de la ville. Des arbres, des arbustes et des fleurs embellissaient cet espace propice à la relaxation. Kishor, parfaitement ancré dans ses baskets, semblait même méditer, absorbé par le silence.


En le voyant, un étrange sentiment de déjà-vu m’envahit. « Mais… mais je le connais, lui ! » pensais-je, surprise. Comment était-ce possible ? En m’approchant, je compris qu'il s'agissait davantage d'un sentiment de reconnaissance que d’une réalité tangible. Je ne connaissais pas Kishor, je ne l'avais jamais vu.

Après avoir expliqué le programme de la journée, nous sommes partis découvrir les joyaux de Katmandou.


C’est alors, sans prévenir, qu’au détour d’une conversation, il me lança, dans un français impeccable saupoudré de son accent chantant : « Mais Elodie, cet accent, c’est celui de Toulouse, non ? »

Je suis restée sans voix. Comment un Népalais pouvait-il reconnaître un accent toulousain ? « Tu connais Toulouse ? » lui ai-je demandé.

« Oui, répondit-il, j’ai fait mes études à Montpellier, et j’ai des amis à Toulouse. Je connais aussi Moissac, Castelsarrasin et Valence d’Agen. J’ai même fait des férias en France à l’époque. Tu connais les férias de Dax ? »

Je l'ai regardé, stupéfaite, avant d'éclater d'un rire spontané, un rire qui vous emporte, vous soulève et réchauffe le cœur !


À cet instant, j'ai compris à quel point il était improbable de rencontrer, ici, au Népal, un Népalais connaissant Toulouse, ayant quitté son pays pour apprendre la langue et poursuivre ses études… tout en ayant été, comme moi, un festayre assidu pendant de nombreuses années !


Kishor et moi avons presque le même âge. Il a fréquenté les mêmes lieux que moi, a vécu dans un petit village à quelques kilomètres de celui où j'ai grandi. Un Népalais qui participe aux férias du Sud-Ouest, un Népalais qui adore l’équipe de rugby du Stade Toulousain, un Népalais qui me raconte des blagues avec des références toulousaines ! Comment était-ce possible ?

C’était fou, presque irréel, mais tout paraissait tellement naturel. Là, dans ce mini-van, au cœur de Katmandou, nous partagions nos histoires, nos expériences, et savourions tout simplement la découverte de l’autre. C’était ça, l’essentiel.


Au fil des jours passés en sa compagnie, j’ai perçu la profondeur de son âme, la richesse de sa spiritualité, et la passion qu’il porte à l’histoire de l’art, une discipline qu’il continue d’étudier avec un enthousiasme sans faille depuis des années.


L’itinéraire de mon voyage me permettait de retrouver Kishor pour quelques visites culturelles entre mon trek dans les Annapurnas et celui dans la vallée de Katmandou. Avant de nous séparer pour plusieurs jours, nous avons échangé nos numéros.


Je suis partie là-haut, dans les montagnes, et lui est resté dans la vallée.

J’ai marché… des jours durant, sans fin, sur ces sentiers où chaque pas m’éloignait un peu plus du monde connu. La majesté des Annapurnas me plongeait dans un état de contemplation profond. Chaque matin, je quittais le campement du soir, le corps et l’esprit prêts à s’immerger dans la grandeur des montagnes. J’ai marché, laissant mes pensées se dissiper, laissant le souffle des montagnes me purifier.


Il m’a écrit. Un soir, après plusieurs jours d’isolement, j’ai enfin trouvé un semblant de réseau et découvert son message, me demandant si tout allait bien là-haut. Je lui ai répondu brièvement, puis j’ai repris ma marche, encore et toujours.


J’ai marché, marché, et marché. À chaque étape, j’éprouvais l’impression que les montagnes m’ouvraient des portes invisibles, me guidant sur un chemin intérieur tout aussi exigeant que le chemin physique.


Nous nous sommes retrouvés à Katmandou, où nous avons exploré ensemble les temples majestueux de Bodnath et Pashupatinath. Chaque étape de notre visite semblait prolonger la conversation que nous avions laissée en suspend : nous rigolions, nous philosophiions, comme deux amis de longue date. Kishor m’a fait découvrir son pays à travers ses yeux, en me transmettant sa culture, sa passion spirituelle et sa philosophie.


Puis, une fois de plus, je l’ai laissé derrière moi, pour reprendre le chemin. Et j’ai marché… marché encore… marché cette fois-ci, non pas dans les Annapurnas mais dans la vallée de Katmandou. Cette portion du trek s’est révélée particulièrement éprouvante après les longues semaines de trek dans l’Himalaya. Kishor savait ce qui m’attendait, il avait lui-même parcouru ces sentiers difficiles. Avant de nous séparer ce soir-là, il m’a lancé en riant : « Demain soir, tu auras une surprise dans la maison où tu iras. Je ne t’en dis pas plus, mais tu verras ! »

Quel farceur ce Kishor ! Je n’avais pas imaginé que la surprise serait une planche de bois en guise de lit, et un espace de sommeil plus que rudimentaire ! Mais c’était ça, l’essence même de ce trek : accepter l’inconfort pour mieux apprécier la simplicité et l’authenticité du voyage.


Après ce trek exténuant qui finissait de m’achever physiquement (j’aurais pu m’en passer de celui-ci très honnêtement), j’ai retrouvé Kishor, une fois encore. Le temps au Népal semble échapper aux règles de l’horloge, tout y est amplifié, détendu et pourtant tellement plus intense. C’est surprenant.


Nous nous sommes retrouvés à Bhaktapur, où nous avons exploré ensemble cette ville fascinante, chaque coin nous offrant de nouvelles découvertes.

Après avoir visité les monuments historiques de la ville des Rois, nous avons flâné comme de vieux amis, déambulant dans les rues de Bhaktapur avec une tranquillité partagée. Nous avons évoqué de nouveau l'initiation thérapeutique aux bols chantants tibétains à laquelle nous avions participé ensemble, puis je lui ai fait découvrir mon Tarot de Marseille. C’est assis dans un restaurant qui surplombait la magnifique place du Temple Nyatapola, en dégustant le juju dhaut, l'une des spécialités de Bhaktapur – ce yaourt des rois servi dans un récipient en terre cuite fait main à Pottery Square – que le Tarot est naturellement venu s'inviter à notre table.

C'était un moment d'une grande simplicité, où les cartes se sont révélées comme un outil puissant pour nous connecter d'une manière nouvelle. Je me suis émerveillée de l'accueil que Kishor réservait à cet outil qu’il découvrait pour la première fois. C’était un instant magique, où, à travers les images et les symboles du Tarot, nos âmes semblaient se parler dans un langage universel, sans mots mais plein de compréhension mutuelle.


Après notre déjeuner et la découverte du Tarot de Marseille, nous avons continué à flâner dans les rues de Bhaktapur, sans hâte, savourant chaque instant de notre exploration. Puis, au cœur du Durbar Square, un moment magique s'est produit. Une force indescriptible, une intuition partagée, s’est imposée simultanément à lui et à moi. C'était comme si l'univers tout entier nous avait parlé à cet instant précis. Je me suis tournée vers Kishor, les mots m’échappant presque tant l'émotion était grande, et je lui ai dit simplement : « Je vais revenir, Kishor. Je vais revenir au Népal. Toi et moi, nous allons travailler ensemble. Chaque année, un petit groupe de personnes découvrira le Népal à travers ses traditions, sa culture, sa philosophie, sa spiritualité. »

Il a souri, un sourire qui semblait embrasser l’idée même, et ajouta, presque naturellement : « Et le Tarot de Marseille. »


À ce moment-là, nous avons donné naissance à un projet, notre projet. Kishor, en tant que chef d’entreprise d'une agence de voyage à Katmandou, organiserait et créerait les parcours sur place. De mon côté, je partagerais mon expérience et mes aspirations, pour faire découvrir le Népal dans toute sa richesse et sa profondeur spirituelle. C’était le début d’une aventure commune, impulsée par une connexion que nous savions déjà être bien plus forte que le simple hasard.


Tel un mantra puissant s’étendant de Katmandou à Toulouse, une phrase résonnait en moi : Tous les chemins mènent à soi... mais surtout à Katmandou ! Un souffle intérieur m’affirmait que ce projet était destiné à se réaliser, inéluctablement.


Kishor, le regard lointain mais rempli de certitude, ajouta avec une sincérité frappante : « Tu sais, Élodie, c’est incroyable, mais à cet instant, lorsque tu as sorti le Tarot, j’ai compris que la cliente avait laissé place à une amie de longue date. Et je savais, avant même que tu arrives au Népal, que tu allais y revenir. »






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