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L’Inde Pays aux mille Mondes !

Dernière mise à jour : 5 avr.

 L’Inde Pays aux mille Mondes !

 

L’exercice qui consisterait à décrire l’Inde n’est vraiment pas facile. La diversité de ses sens en fait un pays hors norme, difficilement palpable par l'intellect occidental. Partir en Inde, c’est partir en Soi hors des sentiers battus, et cette découverte de Soi à travers ces expériences à une saveur inconnue, à la fois troublante mais plaisante. Un véritable gout pimenté de revenez-y…

 

Là-bas l’infiniment beau peut côtoyer l’infiniment délabré, l’infiniment vide peut côtoyer l’infiniment plein et nous pourrions décrire les paroxysmes de ce pays à la mesure des merveilleux palais de marbre blanc dont les luxurieux jardins calmes et apaisants jouxtent la folle effervescence des villes : Le Yin et le Yang perpétuel.


Dans les rues pavées des grandes villes, il est d’usage de croiser quotidiennement le grand écart social. Des hommes d’affaires en costumes trois pièces se faisant conduire par des chauffeurs eux aussi tirés à quatre épingles, fendent la circulation dans des voitures de luxe. Leur regard croisent ceux des dresseurs de cobras soufflant dans leur flûte pour amadouer non pas les serpents démunis de tous leur sens par l’absence de venin, mais plutôt les touristes amusés de cette triste pratique. Proche des marchés, dans leurs tenues brillantes et colorées, joliment maquillées, tikka orange sur le front, les femmes remplissent leur sac de fruits, de légumes et d'épices colorées. Des écoliers bruyants et espiègles endimanchés dans leur uniforme scolaire croisent des touristes perdus dans la compréhension de leurs propres limites en essayant de décrypter et analyser le monde qui les entourent.


Toute cette diversité sociale se côtoie, se croise et finit malgré leurs différences à méditer dans des temples aux mille encens au long de la journée.




Plus loin, l’Inde des campagnes, n’a pas la même saveur. Au milieu de rien, à des heures de route des grandes villes, du côté de Mandawa là où le touriste ne s’aventure pas, vous trouverez des anciennes havelis abandonnées par les riches marchants. Signe d’une époque de richesses ostensoires révolues, ces merveilleux palais se dressent aujourd’hui au milieu de villes faites de terre et de poussière. La vie continue malgré le déclin commercial au rythme cette fois du travail des champs et des méditations aux temples.


En s'enfonçant plus loin encore, vers le Pakistan, dans une petite ville, j'assiste à un moment de grâce. Seule au détour d’une ruelle dont le sol jonché de bouses de vaches et de détritus enveloppée d’odeur d’encens et de friture, une vieille dame nourrit une vache en portant dans cet acte sacré toute sa Foi et sa Paix pour le Monde. Hypnotisant ... C'est tout ceci l'Inde ...


Mais l’Inde, c’est aussi Delhi et Mumbai (Bombay) des mégalopoles polluées où le soleil de 16h se camoufle derrière un épais nuage orange de pollution et où la nuit tombe alors que le Soleil se dresse encore dans le Ciel. L’Inde, c’est l’Himalaya aux hauts sommets au Nord et les plages aux eaux turquoise au Sud. C’est le désert du Thar s’étirant aux frontières du Pakistan, c’est la jungle dans les montagnes du Rajasthan, c’est Bénarès (Varanasi) la ville Sainte du Gange et le Taj Mahal beauté des beautés du Monde.

 

Être en Inde c’est l’exacerbation des sens, être en Inde c’est se savoir vivant plus que jamais, mais naître en Inde c'est au petit bonheur la chance de se voir évoluer dans une caste plus ou moins respectable ...

L’Inde c’est le cycle incessant des réincarnations, c’est le Karma, c’est le Dharma, c’est l’Esperance du bodhisattva.

 

L’Inde, c’est aussi la couleur et le parfum des fleurs pour les offrandes aux Dieux. Vous comprenez qu’un temple se trouve à proximité quant au milieu de la rue ou sur le bord d’une route se trouve des femmes et des hommes vendant à même le sol des œillets d’Inde par milliers.


 


 

Nous avons parcouru plus de 3500 kilomètres au cœur du Rajasthan avec Yudhveer notre guide et Rahul notre chauffeur. Ensemble nous sommes partis à la découverte de cette région, dormi dans le désert du Thar, nous avons découvert la culture et les traditions de cette région du Monde. Nous avons rencontré de très belles personnes toujours au hasard de visites et de balades dans les petites villes non-touristiques. Nous avons englouti l’asphalte des routes principales très bien entretenues et nous avons parcouru des routes « moins routes » des villages reculés. Les phobiques de la route trouveront une thérapie très radicale là-bas, le lâcher prise est de rigueur, et c’est donc au fur et à mesure des jours que nos cerveaux se sont faits à l’anarchie contrôlée autoroutière.


Sur l’autoroute, 3 voies se transforment facilement en 6, et les voitures doublent sans vergogne les tuktuk, les poids lourds, les vélos, les tracteurs, les piétons, les vaches, les chiens, les biquettes et les chevaux. Tous se partagent les voies rapides en toute normalité.

Il n’est absolument pas rare de voir remonter à contresens, des véhicules sur l’autoroute. Nous avons nous-même fait l’expérience pendant plusieurs kilomètres qui m'ont paru être une éternité. Les garçons excités vivaient, à temps réel une partie de GTA, c’était visiblement « super stylé » pour eux de vivre cette expérience ! Pour ma part, je revois encore les énormes camions arriver face à nous en faisant clignoter leurs phares et se serrer à la dernière minute pour nous laisser remonter la voie de façon tout à fait normale.


En continuant notre route, au milieu de rien, il a été souvent l’heure de s’arrêter prendre un thé. Les hommes se retrouvent dans des petites échoppes faites de tôles et de bois souvent érigées sous les arbres.  Le thé en Inde est une histoire d’hommes, et les regards que me portaient les locaux en disaient long sur la place de la femme au milieu de la gente masculine. Malgré cela, le contact a toujours été facile et la communication toujours très agréable et riche de sens. Le thé en Inde est servi dans des tasses de terre cuite qui seront à la suite de la dégustation cassées dans un pot pour être à nouveau recyclées.


Un jour, lors d’un « arrêt-thé » dans la montagne du Rajasthan, en levant la tête sur un immense arbre, des centaines de chauves-souris géantes envahissaient l’espace. Elles étaient si gracieuses suspendues la tête en bas enveloppées dans leurs grandes ailes. Elles m’ont naturellement fait penser au Pendu du Tarot de Marseille. Leur pelage noir et brillant et leurs petites dents blanches les rendaient amusantes plus qu'effrayantes. C’est en observant ces milliers de jolies créatures que ce jour-là m’ont rejoint plusieurs hommes. Ils dénotaient par leur tenue vestimentaire. Mon guide s’est rapproché de moi, et m’a alors expliqué qu’il s’agissait d’une tribu aborigène se prénommant les Bhils. 

J’ai beaucoup aimé leur philosophie. Les Bhils ce sont des artistes, des poètes de la nature.  Ils vivent isolés au cœur de la forêt et sont les seuls en Inde à pratiquer le mariage d’Amour. L’Amour des sens, l’Amour de l’Autre, l’Amour de la Vie. Ils sont polygames certaines fois … Ils sont Libres comme l’air.  Après nos échanges, ils s’en sont allé … Ils sont partis, comme ils sont venus … Je les ai regardé s’enfoncer dans la forêt épaisse … loin de toute agitation, loin de la pollution, loin de l’obligation des hommes, ils sont partis rejoindre la nature, celle qui les nourrit, les protège et les loge depuis la nuit des temps, au fil des saisons, au fils du temps… Une rencontre parmi tant… la Vie …

 

Il est indispensable en Inde de prendre le temps de s'arrêter ici et là, de s'imprégner de ces tranches de vie locale. Cela nous a permis d’appréhender de façon authentique la façon de vivre des Indiens. Essayer de comprendre l’Hindouisme religion aux millions de Dieux, en s’immergeant continuellement dans des

temples a été quelque chose d’incroyable. Je vous rassure, au bout de plusieurs semaines malgré les « interrogations surprises récurrentes » de Yudhveer je suis aujourd’hui toujours dans l’impossibilité de reconnaitre les Dieux autres que Ganesh et Shiva ( Brahma et Vishnu sont les deux autres principaux Dieux). Il faut relever qu’il est coutume de dire que l’hindouisme est la religion aux 300 millions de Dieux ! La spiritualité est présente partout en Inde à commencer dans son drapeau national. 

La couleur safran du drapeau indien représente la religion hindouiste et le courage, la couleur verte représente la religion musulmane, et la couleur blanche toutes les autres religions (bouddhisme, jaïnisme, christianisme …). 

C’est le pays de la tolérance religieuse par excellence, les temples hindouistes côtoient les temples bouddhistes, les mosquées et les quelques églises.


Ce qui a de fascinant dans ce pays, c’est que chaque miracle de la Vie laisse place à une divinité locale.  J’aime ce pays pour la sacralisation des choses les plus banales, c’est ainsi que vous pourrez trouver au hasard de vos balades des bâtonnets d’encens et de la poudre de tikka sur des choses improbables de la nature et du quotidien. Les animaux sont sacrés, certains arbres sont sacrés, certains lacs sont sacrés, la Vie est sacrée, mais tout le paradoxe se trouve aussi dans nos schémas de fonctionnement occidental.


Comment pouvons-nous considérer qu’une vache est sacrée et qu’elle attire tout le respect et l’attention si à côté d’elle se trouve un être humain sans eau ni nourriture issue d’une « basse caste » ? Quel sens peut avoir l’Humanité en regardant la Vie sous cet angle-là ?


En partant en Inde, il est indispensable de se délester de ce regard occidental, se délester des considérations que nous pensons être justes. Partir en Inde c’est arriver à faire le vide en Soi pour accueillir une vision nouvelle celle d’un Monde nouveau. 

C’est une expérience en Soi qui transformera de toute évidence, car nous n’oublions jamais que, nous ne voyons pas les choses comme elles sont, mais comme nous sommes nous ….



Voyager en Inde, c’est faire des ablutions sur les ghâts du lac sacré de Pushkar : Authentique et Mythique si on arrive bien-sûr à passer au dessus de la pollution importante des eaux !!!  Se retrouver à côté de fidèles se baignant entièrement et ressentir l’intention de purification de l’âme qu’ils éprouvent fait de ce moment quelque chose de magique ! « Lave ton âme de ses douleurs pour te libérer ». Ici, le Gange est loin, et les cendres des défunts se rependant dans le lac sacré. En mettant les pieds dans le lac, en touchant l'eau et en la faisant glissant sur sa peau, c’est tout un univers qui se déploie en toi : c’est la Vie, c’est la mort, c’est l’impermanence des choses ! C’est l’unité de cette trinité : le ciel -la Terre et l’Homme, la Vie- la mort et l’âme éternelle, le lac- les cendres et les vivants … 

Merveilleux moments au lever du soleil, merveilleux moments au coucher du soleil. 

Tout prend ici un sens sacré ! Mystique … ni plus, ni moins.







Voyager en Inde c’est aussi découvrir entre autres la ville de Jodhpur où son magnifique fort trône à des centaines de mètres de hauteur sur une falaise abrupte. Non loin de là, un mini Taj Mahal de marbre blanc est édifié en mémoire des maharajas de la ville. Flâner dans la vieille ville bleue est somptueux, son bazar porte très bien son nom et nous sommes à force de marcher, enivrés par toutes ces odeurs, ces couleurs et ce bruit incessant de klaxons. Cette ville est incroyable de beauté.






Voyager en Inde c’est s’arrêter sur les routes pour donner de son temps à l’hôpital des vaches sacrées. Il faut avoir le cœur accroché de courage. Des bénévoles s’occupent des vaches accidentées, mourantes, infirmes pour leur permettre de passer de l’autre côté de façon digne. C’est terrible de voir ces animaux ainsi, mais nous les accompagnons au mieux en fin de vie. Pour les autres les infirmes, les malades, les petits veaux abandonnés mal en point, la présence de l'Homme leur permettons de vivre dans de meilleures conditions qu’aux bords des routes.





Pour finir, voyager en Inde c’est se rendre à Agra alors que la Lune est encore dans le Ciel et que la brume de la rivière est encore posée sur la Terre, c'est après une grande porte que la Rencontrer s'effectue. Dressée au milieu d'une magnifique jardin, au fond d'une allée où les fontaines se succèdent, l’une des 7 merveilles du Monde Moderne le Taj Mahal est là  ! Je ne ferais pas de longues lignes sur Lui, bien d’autres avant moi ont réussi à poser des mots sur ce qu’il est vraiment. C’est pour moi LA Merveille des Merveilles du Monde, LE symbole de l’Amour par excellence. Le symbole d’un édifice à la hauteur de l’histoire d’Amour vécu par deux personnes. Mumtaz Mahal et son mari reposent à jamais au sein du mausolée le plus merveilleux du monde, sertis de pierres semi-précieuses et de marbre blanc, les amoureux moghols sont côte à côte là-bas et pour toujours … Cela m’a beaucoup touché, mes larmes ont coulé face à ce joyau architectural, mes larmes ont coulé pour tout ce qu’il représente.




C'est pour tout cela que l'Inde est incroyable.

J'aime l'Inde pour l'égrégore que l'on trouve dans la ferveur spirituelle des indiens.

J’aime l’Inde pour sa richesse culturelle variée.

J’aime l’Inde parce que c’est un Pays à part, loin de toutes les représentations que nous pouvons nous faire.

J’aime l’Inde pour sa culture.

J’aime l’Inde pour pouvoir méditer dans les temples au lever du jour.

J’aime l’Inde, mais j’ose dire que je l’aime aussi, car j’y retrouve quelque part, une part du Népal que je chéris tant …



C’est en rentrant d’Inde chargée de l’énergie incroyable de ce pays, sur la route de la maison en sortant de l’aéroport après plus de 46h sans dormir que j’ai fait la dernière rencontre de notre voyage. La boucle allait se boucler : Aline.


Alors que nous étions arrêtés pour nous engager dans la circulation, quelqu’un frappe à mon carreau comme il est coutume de faire en Inde !

 Je sursaute, mon esprit était encore à des milliers de kilomètres d’ici. Je la regarde, elle se tenait là, à ma hauteur, petit bout de femme aux cheveux grisonnants de plus de 70 ans.

J’ai ouvert ma fenêtre, elle m’a demandé son chemin. Sans hésiter un seul instant, je lui ai dit de monter dans la voiture, nous allions l’amener où elle voulait pour ne pas qu’elle marche. Le trajet a été hors du temps. Aline m’a donné les codes d’un langage symbolique profond.


« Merci de m’avoir pris en voiture, vous êtes mon ange du jour. Vous savez parfois l’Univers vous envoie des personnes sur votre chemin pour vous accompagner, vous aider dans votre quête. Vous pouvez l’appeler comme vous voulez, le Ciel ou le Grand Architecte, Brel lui disait :  le Bon Dieu, L'amoureux l'appelle l'amour, Le mendiant la charité et Le soleil l'appelle le jour » .


Je me suis alors retournée, je l’ai regardé en plongeant mon regard dans ses yeux d’un bleu lagon.

Je lui ai répondu qu’effectivement le hasard n’existait pas, qu’il n’est en réalité fait que de rencontres.

Je lui ai dit : « vous savez, il y a quelques heures, nous étions encore très loin d’ici ! Nous étions en Inde ! »


J’ai alors senti sa main tapoter mon épaule :

« Ce n’est pas vrai !!!! Je pars en Inde dans 14 jours.  Ça sera ma 50ème fois en Inde. J’y vais depuis 1970, et j’y vais tellement souvent que j’obtiens des visas de 5 ans ! Maintenant, je voyage seule, mais l’Inde c’est ma deuxième maison, j’ai visité toute l’Asie ».

Je n’en revenais pas. 

Mon fils lui dit « Vous savez Madame, ma maman, elle voyage au Népal, et vu son rythme dans 10 ans ça fera 50 fois pour elle !! ».

Cela a fait sourire Aline. « Moi aussi, je suis aussi allée au Népal et j’ai beaucoup aimé, je comprends ta maman ».


Nous étions arrivés à sa destination. Je suis descendue, je lui ai ouvert la portière, je lui ai pris la main pour l’aider à descendre de la voiture. Nous nous sommes regardées l’espace d’un instant, en souriant.

Elle m’a dit : « Le Népal, l’Inde, vous y reviendrez, vous êtes une enfant du Monde, je vous vois ! Je m’appelle Aline, et vous comment vous appelez-vous ?

Je suis Elodie lui ai-je répondu, et je suis ravie Aline d'avoir fait votre connaissance.


Nous nous sommes pris dans les bras. Le temps s’est arrêté …

Puis nous avons joins nos mains sur nos cœurs, très naturellement elle m'a salué :

"Namasté Elodie, à bientôt quelque part dans le Monde, ici ou là-bas ".

"Namasté Aline".


Elle est partie … Elle est partie, elle aussi ... sans se retourner comme l'ont fait les Bhils ce jour-là dans la forêt. Sereine, elle a emporté avec elle sa sagesse, sa liberté, sa fraternité et sa Lumière.


Elle venait clôturer ce voyage incroyable en Inde. Sa présence présageait de nouvelles rencontres ici où là-bas …quelque part entre le Ciel et la Terre … dans un temps hors du temps, suspendu … le Monde est fait de rencontres improbables pour parfaire une vie d'aventure incroyable …




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